Dans le Sud de la France, Robin Alauze, fondateur de la société LineUp Ocean, s’est lancé un autre défi : aider les villes côtières à limiter les effets du changement climatique et de l’action humaine. Des villes qui sont confrontées à l’élévation du niveau de la mer, au recul des plages en raison des aménagements urbains, et à la raréfaction de la vie marine sur les littoraux. « Nous voulons répondre à ces trois enjeux grâce à des ouvrages maritimes plus efficaces que ceux qui étaient proposés jusqu’ici, et nous voulons qu’ils soient à la fois écoconçus, bio-inspirés et biosourcés », expose Robin Alauze. En termes d’écoconception et de bio-inspiration, les ouvrages de LineUp Ocean font un sans-faute. Comme les digues traditionnelles, ils réduisent les effets destructeurs des grosses vagues, de plus en plus fréquentes en raison du dérèglement climatique. Mais à l’inverse des empilements de blocs de roche ou de béton, ces ouvrages ne constituent pas une barrière opaque. Grâce à leur structure en treillis, ils ne bloquent pas les petites vagues, qui jouent un rôle important car elles rapportent le sable vers les plages, évitant à ces dernières de reculer. Enfin, avec leurs formes imitant des récifs coraliens, ces ouvrages favorisent la recolonisation par de nombreuses espèces marines. Bien sûr, pour fabriquer ces barrières de corail artificielles, l’impression 3D était tout indiquée. LineUp Ocean a fait appel à la société 3D Concrete, basée à Perpignan, qui utilise des robots XtreeE spécialisés dans l’impression de structures de grand format en béton. Mais pour Robin Alauze, le fait d’immerger des blocs de béton, imprimés ou pas, n’était pas assez vertueux. « Nous pouvions faire mieux, tant du point de vue de l’économie circulaire que du respect de l’environnement, commente-t-il. Alors nous avons exploré toutes les initiatives existantes dans le domaine du béton, et nous les avons combinées pour créer un nouveau matériau compatible avec l’impression 3D ». Pour ce faire, l’entrepreneur montpelliérain a d’abord étudié les mortiers dits « bas carbone », qui sont obtenus en utilisant moins d’eau et de ciment que les mortiers classiques, et selon des procédés optimisés en termes de rejets de CO2. Restait la question du sable, le troisième ingrédient du mortier. LineUp Ocean s’est tournée vers la filière des coquilles d’huitres broyées et recyclées. Une solution déjà utilisée par certains industriels de la construction. Alors que les solutions existantes remplacent jusqu’à 30 % du sable par de la coquille d’huitre, Robin Alauze a voulu tester les limites du mélange. Il atteint aujourd’hui 50 %. Un chiffre inédit, mais qui devrait être dépassé dans les prochaines versions de ses produits. « Nous avons réussi à créer le premier mortier pour impression 3D qui soit à la fois bas carbone et coquillé, avec une proportion de coquilles d’huitres inégalée, résume Robin Alauze. Au-delà de l’innovation, c’est une réponse adaptée à nos ouvrages car la présence de coquilles d’huitres permet au matériau de mieux s’intégrer à son environnement tout en offrant de bonnes propriétés mécaniques, et des caractéristiques de porosité et de PH propices au développement de la vie marine ».