vendredi 16 mai 2025
L’IAMQS permet à tous les industriels de qualifier leur personnel pour des projets de fabrication additive

L’Association Française de Soudage propose une offre de qualification de personnel en fabrication additive, appelée IAMQS. Comment ce système a-t-il été créé ?
Philippe Lebeau : Le rôle de l’AFS est de déployer des systèmes de qualification de personnel dans le secteur du soudage, sur la base de référentiels créés par la European Welding Foundation (EWF). En 2022, l’EWF a souhaité se diversifier en créant l’IAMQS, ou International Additive Manufacturing Qualification System, un référentiel développé à partir des résultats du projet européen SAM (Skills for Additive Manufacturing). La France, l’Italie et l’Espagne ont été les premiers pays à proposer l’IAMQS, et il est aujourd’hui déployé dans de nombreux pays d’Europe et d’Asie. En résumé, il s’agit d’un nouveau système de qualification pensé pour les utilisateurs de la fabrication additive, mais qui s’inspire de ce qui marche dans le domaine du soudage depuis des décennies.
A qui s’adresse ce nouveau système de qualification IAMQS ?
P. L. : L’IAMQS s’adresse à tous les industriels qui ont besoin de qualifier leurs applications. C’est le cas dans l’aéronautique, le spatial, le médical ou le ferroviaire, entre autres. Le point fort de ce référentiel, c’est d’être basé sur les mêmes textes qui ont servis à établir les normes actuellement en vigueur pour la qualification du personnel en fabrication additive.
Il existe des normes qui définissent la qualification de personnel en fabrication additive ?
P. L. : Oui, plusieurs normes récentes définissent les compétences et les conditions d’évaluation des personnes en fabrication additive, avec des déclinaisons pour chaque procédé. Elles étaient très attendues car elles vont permettre l’harmonisation des pratiques au niveau mondial. Pour la technologie L-PBF, on peut citer la norme la norme ISO/ASTM 52942, publiée en 2020, qui décrit les principes de qualification des opérateurs pour les applications aérospatiales, et la norme ISO/ASTM 52926-2, publiée en 2023, qui décrit les principes de qualification des opérateurs, tous secteurs confondus.
J’ajouterais que, même si ces normes ne sont pas obligatoires, on peut s’attendre à ce que les grands donneurs d’ordres l’imposent progressivement à leurs sous-traitants comme c’est le cas pour de nombreuses autres normes.
Quel intérêt d’utiliser le système IAMQS plutôt que d’appliquer simplement les normes ?
P. L. : Pour un industriel, appliquer ce type de normes en partant de zéro représente un travail colossal. Prenez l’ISO/ASTM 52926-2 : on y trouve la liste de tous les domaines dans lesquels les opérateurs de machines L-PBF doivent être formés, avec le détail des compétences à acquérir et des conditions d’évaluation. Pensez au temps qu’il faudra pour construire le parcours de formation correspondant aux exigences de la norme, et à l’énergie qu’il faudra déployer pour prouver aux autorités de certification que ce parcours de formation répond à la norme… A l’inverse, grâce au référentiel IAMQS, les industriels accèdent à des parcours clés-en-mains, proposés par des organismes agréés par l’AFS, avec l’assurance d’être automatiquement conforme aux exigences des normes en vigueur. J’ajouterais qu’il s’agit d’un système modulaire : il contient des dizaines d’unités d’enseignement, qui correspondent aux différentes exigences des normes, et ces unités d’enseignement peuvent être assemblées pour créer des parcours de qualification par métier. Le système prévoit ainsi plusieurs profils de métiers (opérateur, ingénieur procédé, concepteur, coordinateur…) et ces profils se déclinent par technologie (L-PBF, DED LB, DED arc…).
Quel est le message que vous souhaitez adresser aux industriels qui s’intéressent à ces questions de qualification de leur personnel ?
P. L. : Je leur dirais que tout est prêt, qu’il n’y a plus à hésiter. Il faut faire en sorte que le référentiel se développe rapidement, tant en termes d’offre que de demande. Souvenons-nous que lorsque le référentiel de soudage a été lancé, au début des années 90, nous avions d’un côté les organismes de formation qui hésitaient à le déployer par manque de clients, et de l’autre les industriels qui attendaient que le référentiel soit utilisé chez leurs concurrents pour y passer. C’était le serpent qui se mordait la queue. Depuis, le système est devenu incontournable, et rien qu’en France nous avons délivré plus de 9000 qualifications de soudeurs, par l’intermédiaire de 16 centres de formation agréés. Avec l’IAMQS, nous avons l’opportunité de reproduire ce succès, d’autant qu’il s’agit de la seule certification dans le domaine de la fabrication additive qui soit reconnue au niveau international. Et bien sûr, le référentiel est agnostique en termes de matériel, ce qui signifie que la qualification d’une personne est valable quelle que soit la marque des machines sur lesquelles elle travaille.
Où peut-on trouver des organismes capables de délivrer des formations qualifiantes IAMQS ?
P. L. : La France compte déjà quatre organismes agréés IAMQS. La plupart proposent des unités d’enseignement indépendantes. A ce jour, seule la société AddUp dispose d’un agrément pour dispenser un parcours complet, et proposer des qualifications « Opérateur de machines L-PBF ». Et à partir de l’année prochaine, nous devrions avoir d’autres organismes agréés pour proposer les autres profils métiers.
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