lundi 28 octobre 2019

Lattice Medical La reconstruction mammaire grâce à l’impression 3D

Lattice Medical La reconstruction mammaire grâce à l’impression 3D

Lattice Medical est une jeune start-up déjà multi récompensée. Créée en 2017, sa bio prothèse implantable Matisse permettant une reconstruction mammaire naturelle grâce à un implant en impression 3D fera l’objet d’essais cliniques en 2022.


Tout commence en 2012 par une rencontre. Un chirurgien plasticien, un biologiste, un biochimiste et un ingénieur textile se rencontrent autour d’un projet commun. L’idée de permettre et de repenser la reconstruction mammaire de manière moins invasive commence déjà à faire son chemin. Cinq années de recherche plus tard, Lattice Medical voit le jour dans les Hauts-de-France, à Loos.

L’équipe, composée d’une douzaine de personnes, travaille sur des aspects aussi bien mécaniques que biologiques et a permis de développer la bioprothèse implantable Matisse qui permet une reconstruction mammaire naturelle par la régénération de tissus adipeux autologues. Celle-ci est personnalisable grâce à un implant 3D résorbable après la reconstruction.

Créer des implants 3D en matériau souple résorbable
« Nous recevons des polymères biodégradables sous forme de granulés que nous transformons ensuite en filaments, renseigne Kevin Roux, ingénieur R&D process. Ce matériel de grade médical est stocké dans des conditions idéales et nous testons leurs propriétés physico-chimiques au préalable et tout au long de leur processus de modification pour être sûr de ne pas le dégrader. »

Lors de l’extrusion, les filaments sont utilisés sur des imprimantes types FDM. Cette étape de fabrication additive permet de créer l’implant en 3D, couche par couche. « Dû à la géométrie de la prothèse, l’impression nécessite l’utilisation d’un support afin d’obtenir une qualité optimale. Ce support soluble dans l’eau permet d’éviter tout effondrement de matière ou défauts d’impression. »
La prothèse ainsi imprimée en 3D est composée de deux parties un socle et une coque imprimés en un polymère dérivé du PLA (acide polylactique) de grade médical. 

La prothèse est ensuite introduite dans le sein ayant subi une mastectomie. Et un lambeau de tissu graisseux vascularisé, prélevé sur la patiente, sera introduit. L’implant est personnalisable grâce à une IRM réalisé systématiquement avant l’ablation du sein.


Donner une forme au sein
Dans un délai de 3 à 8 mois, la coque va se remplir de tissu adipeux et dans un délai de 18 mois, l’implant aura disparu de l’organisme par des réactions biologiques. « Le sein s’est reconstruit naturellement, la patiente ne vit pas avec un corps étranger à long terme qu’elle doit retirer au bout d’une dizaine d’années et elle n’a pas besoin d’une seconde opération chirurgicale », détaille Kevin Roux.

La technologie est brevetée. Lattice Medical s’installe progressivement en salle blanche. Un investissement de plus d’une dizaine d’imprimantes, a été réalisée récemment. « Nous espérons nous implanter chez un partenaire d’ici le mois d’avril pour pouvoir démarrer la production de 1000 prothèses et débuter nos premières études précliniques », partage Kevin Roux.

Après une première levée de fonds de 2,3 millions d’euros en 2018, une prochaine est envisagée en 2021 de 6 millions d’euros quand la production aura débuté. Elle devra, notamment, permettre de financer les essais cliniques, de renforcer les équipes marketing et commercial et de débuter la communication.


Un marché international et d’autres applications possibles

Si tout se passe bien, les équipes espèrent pouvoir démarrer les premiers essais cliniques en 2022 et visent un marquage CE en 2024. Le marché est international. « 2,4 millions de patientes sont diagnostiquées chaque année d’un cancer du sein. 40 % d’entre elles vont subir une mastectomie. Moins de 20 % de ces femmes vont bénéficier d’une reconstruction. Notre technologie répond à un besoin réel », estime Julien Payen, cofondateur de Lattice Medical.

L’ambition de l’entreprise nordiste est claire :  fabriquer et commercialiser la prothèse pour les marchés de la reconstruction et de la chirurgie esthétique à horizon 2024 et peser 10% du marché mondial à horizon 2030.

Lauréate de plusieurs concours en 2017, dont le Prix de l’innovation textile Théophile Legrand en mars, le Prix du Ruban Rose dans la catégorie qualité de vie en septembre et le prix start-up et le grand prix Force Awards en novembre, Lattice Medical envisage d’autres applications possibles à sa technologie : la reconstruction mammaire mais aussi la chirurgie esthétique pour toutes les formes d’implants de reconstruction de type tissus mous.

Rédactrice : Nadia Vanloven